Il y a 70 ans Costa faisait ses débuts dans le secteur de la croisière. En effet sa création, elle, date de 1854. L’armateur Giacomo Costa, originaire de Gênes, se lance alors dans le transport de marchandises. Ses cargos font la navette entre la Sardaigne et la Ligurie, transportant de l’huile d’olive et des textiles. Ce n’est donc qu’en 1948 que Costa fait sa première croisière. Retour sur l’histoire de cette compagnie emblématique.

La famille Costa va continuer de développer cette activité avec l’ouverture de nouvelles lignes reliant notamment l’Amérique Latine et l’Italie. C’est en 1947 que les navires de la Linea C commencent à transporter à la fois fret et voyageurs. Les passagers sont répartis en classe et si la plupart embarquent à bord de ces navires pour immigrer aux Etats Unis, certains le font dans le but de voyager.

1ère croisière à bord de l’Anna C en 1948

L’Anna C est un ancien cargo britannique construit en 1929 et qui avait été transformé en dragueur de mines pendant la guerre par la Royal Navy. Il a été racheté et réaménagé par Costa en 1947 avec qui il effectue sa première croisière en Amérique Latine Gênes-Rio-Buenos Aires en 1948 avec 768 passagers à son bord. La grande innovation de l’Anna C était ses cabines climatisées, tandis qu’un « C » ornait déjà sa cheminée.

navire costa Anna c

Costa développe une flotte spécialement conçue pour la croisière

Le Federico C, le premier paquebot de croisières

En 1957 l’armateur italien commande son premier navire qui sera exclusivement dédié au transports de passagers : Federico C. Il a donc été pensé pour améliorer leur confort et proposer des infrastructures hôtelières incluant des notions de plaisirs et de loisirs à bord. Certes, le navire est toujours divisé en 3 classes mais les passagers peuvent téléphoner depuis leur cabine équipée également d’une douche et de toilettes privative.

navire costa Federico C

Les croisières vers l’Amérique Latine font escale en Espagne, à Madère, dans les Açores ou encore dans les Antilles. Les croisières en Méditerranée voient le jour au début des années 50. Ainsi, Costa développe sa flotte de navires de croisières avec par exemple le Bianca C en 1959.

Eugenio C le premier géant de Costa

La compagnie innove dans les navires jusqu’à imaginer « le bateau du futur », Eugenio C. Ce navire de 217 mètres de long et de près de 33.000 GT de jauge peut accueillir 1636 passagers à son bord. Il restera le plus gros navire de la flotte de Costa Croisières jusqu’en 1991 ! Il propose une nouvelle organisation autour du pont central et surtout ne propose plus de répartition des passagers en classe !

Eugenio C bateau Costa Croisières

Costa se tourne peu à peu exclusivement vers la croisière

L’immigration maritime se tarit du fait notamment du développement du transport en avion et le marché des vacances en mer se développe. Les navires qui le peuvent sont ainsi rénovés dans ce sens et à la fin des années 60 c’est la croisière qui prend le pas sur l’activité historique de fret.

Que ce soit à bord des nouveaux navires ou des navires reconvertis ont trouve de plus en plus d’activités, d’animations et d’équipements pour que les passagers puissent se divertir à bord. L’offre de croisières se développe dans les Caraïbes et la Méditerranée et en 1968 la compagnie révolutionne le secteur en lançant la formule « avion + bateau » qui comprend  les vols et transferts entre l’aéroport et le port. Le succès est phénoménal et l’idée sera reprise dans toute l’industrie de la croisière.

La compagnie continue d’agrandir sa flotte et d’innover en proposant de nouveaux itinéraires, une croisière dans la mer Baltique en 1976 et un premier tour du monde l’année suivante.

En 1986 Costa Croisières né réellement puisque le groupe familial se concentre exclusivement sur le marché des vacances en mer. Il a alors été décidé de lancer un grand plan d’investissement pour renouveler la flotte en s’équipant de paquebots modernes spécialement conçus pour la croisière et les vacances en mer, correspondant aux nouvelles tendances du tourisme.

Les deux premiers paquebots de cette nouvelle ère, le Costa Classica et le Costa Romantica vont permettre à Costa Croisières de développer sa clientèle en France et à l’international.

Développement de l’offre de croisières et rachat de Paquet : Costa devient leader de la croisière en France

En 1993, Costa lance la formule « Vol + Croisière » dans les Caraïbes au départ de Paris et de province et l’offre « 7 jours, 7 îles » au départ de Pointe-à-Pitre à bord du Costa Allegra. Cette formule rencontre encore un grand succès de nos jours. Costa ouvre ensuite des départs réguliers depuis la France et Marseille devient un des ports de départ principaux dès 1996 avec des croisières d’une semaine en Méditerranée baptisées « Dolce Vita ». 3 ans auparavant, en 1993 elle avait racheté la compagnie de croisières française Paquet et prend ainsi peu à peu la place de leader dans la filiale.

Des années un peu plus difficiles pour Costa Croisières

Du Costa Victoria au rachat par Carnival

Costa Croisières veut conserver sa place de leader en Europe tout en rivalisant avec les compagnies de croisières américaines qui s’équipent de géants des mers. Ainsi en novembre 1996 l’emblématique Eugenio C réalise sa dernière croisière aux couleurs de Costa Croisières. Une nouvelle unité est alors construite, le Costa Victoria, un projet de grande ampleur. En effet le navire est le premier bateau européen de plus de 1000 cabines et mesure 253 mètres et 32 mètres de large avec une jauge de 76.000 GT. Un sistership s’ajoute alors à la commande.

Si le Costa Victoria entre en service en 1996, son sistership ne rejoindra jamais la flotte de la compagnie. En effet, ce projet était de trop grande ampleur, Costa abandonne le second bateau et la coque de celui qui devait être le Costa Olympia est rachetée par NCL qui achève le navire et le baptise Norwegian Sky.

Concernant Costa, si la compagnie intéressait le groupe RCCL, c’est finalement Carnival Corporation qui va la racheter en juin 1997.

L’influence de Carnival

La compagnie adopte alors le concept de « fun ships » qui fait du navire de croisières un véritable club de vacances flottant, permettant de séduire une clientèle plus large et plus jeune avec notamment les croisières en famille. La compagnie bénéficie aussi d’un plan d’investissements de grande envergure financé par Carnival.

Afin de réaliser des économies d’échelle, Carnival Cruise Line et Costa Crociere réceptionnent des navires similaires. Les coques sont quasiment identiques et sont ensuite customisés selon les caractéristiques de chaque marque. De 2000 à 2014 les différences en termes d’architecture et de décoration sont infimes entre les navires Costa Croisières et CCL.

En juin 2009, 4000 personnes assistent au baptême simultané à Gênes de deux nouveaux navires, les Costa Pacifica et Costa Luminosa, une première dans l’industrie de la croisière. Grâce au rachat par Carnival, Costa Croisières a pu conforté sa place de leader européen, accueillant dans sa flotter pas moins de 11 nouveaux navires entre 2000 et 2012. Le nombre de passagers ayant voyagé avec Costa est passé de 350 000 à plus d’un million en moins de 10 ans. La compagnie lance de nouvelles destinations et Costa Croisières est même pionnière en Asie dès 2006. Elle relance aussi les croisières tour du monde en 2011.

En pleine croissance , la compagnie continue d’agrandir sa flotte avec le Costa Diadema entré en service en 2014, un navire de de 132.500 GT et 3720 passagers. Il devait être rejoint par des sisterships mais la compagnie traversait de nouveau une période de crise.

Le drame du Concordia

Le 13 janvier 2012 en effet, Costa Croisières connait le pire drame de l’ère des paquebots modernes avec le naufrage du Costa Concordia au large de l’île du Giglio. 32 personnes ont perdus la vie dans cet accident et le navire vieux de seulement 6 ans est perdu. Les images de l’épave du Costa Concordia font encore le tour du monde tandis que des cadres de la compagnie, des membres d’équipage et le commandant sont condamnés par la justice. Suite à cet accident, des mesures visant à renforcer la sécurité ont été adoptées par toutes les compagnies.

Si le naufrage du Concordia a terni l’image de la compagnie, elle n’est ni lâchée par la compagnie, ni par sa clientèle qui se mobilise même contre les attaques qu’elle subit. Elle retrouve donc assez rapidement la voie de la croissance.

C’est en interne, au sein du groupe Carnival que le drame du Concordia laisse le plus de traces entrainant une réorganisation de Costa. L’ambiance est assez difficile et la reprise en main par Carnival mal vécue. Parallèlement la compagnie ne retrouve pas ses taux de croissance passé, pas de nouveaux bateaux et de vieilles unités quittent sa flotte. En pleine crise d’identité, Costa Croisières doit aussi faire face à une concurrence de plus ne plus rude, incarnée par MSC Croisières.

Le renouveau de Costa Croisières

A partir de 2015 la situation s’améliore, la direction se réoriente un peu vers l’Italie et un nouveau président, Neil Palomba est nommé. Il adopte une nouvelle stratégie pour la compagnie : revenir aux fondamentaux et lui faire retrouver ses racines italiennes.

Un nouveau programme de construction est également annoncé avec un renouveau en terme de décoration. Fini le style un peu déjanté de Joe Farcus, c’est désormais le designer new-yorkais Adam Tihany qui est responsable des espaces intérieurs et cabines.  L’objectif : produire des navires exceptionnels en terme de design qui rappellent l’Italie et qui soient le symbole de la fierté, du goût des belles choses, de l’art de vivre et de la gastronomie qui façonnent l’Italie et les Italiens

Plus élégants, plus cosy, modernes et innovants, ces navires qui sont de véritables géants des mers vont instaurer de nouveaux standards et écrire une nouvelle page dans l’histoire de Costa Croisières.

Croisières et développement durable

A partir du Costa Smeralda, les nouveaux navires fonctionneront au GNL, Gaz Naturel Liquéfié, ce qui constitue une avancée déterminante en matière de respect de l’environnement. Les émissions polluantes (SOx, NOx, particules finales, CO2) seront réduites voire éliminées. Costa Croisières, outre le fait de répondre aux attaques contre la croisière polluante en apportant une solution, veut surtout incarner l’image d’une compagnie innovante et responsable engagée dans le tourisme durable. Elle a ainsi renforcé sa politique en terme de recyclage et s’engage contre le gaspillage alimentaire.

Les surplus de nourriture sont distribués à des populations défavorisées grâce à un partenariat avec la banque alimentaire dans les ports de Savone, Civitavecchia et Marseille. Plus de 30 000 repas ont été distribués en moins d’un an. Parallèlement, une partie de l’argent économisé grâce à la lutte contre le gaspillage est distribué aux oeuvres caritatives de la fondation Costa.

Les nouvelles technologies et le digital dans la croisière

Nouvelles façons de communiquer avec les réseaux sociaux, intelligence artificielle, analyse de données pour mieux comprendre et connaître les clients, Costa Croisière vit sa transition numérique. Mais elle veut aussi proposer une expérience de croisière innovante. En 2016, elle avait été la première à envoyer Pepper, un robot humanoïde multilingue, interagir avec les passagers pour leur fournir des renseignements à bord du Costa Diadema.

A bord, les passagers doivent pouvoir rester connectés en mer via leur smartphone notamment, il faut donc proposer un débit suffisant. L’utilisation du smartphone à bord permet alors de proposer de nouveaux services, comme accéder à des informations sur la vie à bord, réserver un restaurant un spectacle ou une excursion en escale, se géolocaliser sur le navire, etc.

De l’Anna C au Smeralda, Costa Croisières a fait du chemin en 70 ans, traversant quelques crises et se relevant en continuant à innover. Italienne, responsable et engagée, la compagnie de croisière a su se construire une forte identité.

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